REFLEXION SUR LE NOUVEAU SYMBOLISME.

Avant d'aborder le sujet du " Nouveau Symbolisme", il nous parait indispensable de rappeler au monde le sens du Symbolisme tout court.
Pour cela nous nous livrerons à un retour aux sources historiques, aux théories de base des pères de ce mouvement artistique.

Ainsi, des étendues infinies de la terre et des époques historiques illimitées sont noyées dans les brumes pacifiques. Les pages de livres n'en parlent pas; les pages des livres ne font revivre que les événements frappants, les grandeurs et les servitudes. A l'epoque de la théologie naive et de la métaphysique dogmatique, il existait une confusion permanente au niveau des categories de l'inconnaissable et de l'inconnu. Les gens ne parvenaient pas à les differencier et n'avaient pas conscience de l'ampleur et de la désolation de leur ignorance.

Le sentiment mystique s'immisçait dans les recherches experimentales exactes et les anéantissaient. D'un autre coté, le materialisme primaire des formes dogmatiques asservissait l'ame humaine. Une toute récente théorie de la connaissance développa une vérité indéfectible qui pour des siécles sépara la terre ferme accessible aux hommes de l'ocean obscur et sans fin situé au-delà de notre conscient. Ainsi les vagues de cet océan ne purent plus atteindre le monde habité, le monde des sciences exactes.

Les fondations, les premiers blocs de granit de cette construction cyclopéenn ,la Grand Théorie de la connaissance du XIXe siécle-ont été apportés par Kant. Depuis lors, le travail avance sans discontinuer, le barrage s'élève de plus en plus haut. Jamais encore, la lisière entre la science et la foi n'a été si évidente, si brutale, jamais encore, l'oeil humain n'a du supporter un tel contraste entre l'ombre et la lumière.

Alors que le sol ferme de la science est inondé de lumière, la région située de l'autre côté du barrage, d'après Carlyle"l'abysse de l'ignorance sacrée" est plongée, comme jamais auparavant, dans l'obscurité opaque de la nuit dont nous sommes tous issus et dans laquelle nous replongerons immanquablement tous. Autrefois, la métaphysique l'enveloppait de son voile brillant et nébuleux. La légende originelle répandait au moins sur cet abime sa lumière terne mais rassurante.

Il est possible de déterminer la naissance du Symbolisme en Europe et en Amérique par deux indices opposés. C'est une période de maté-rialisme extreme couplé à des transports d'ame d'un idéalisme ardent. Ceci est également vrai pour la période comtemporaine confrontée à la lutte significative et sans merci de deux philosophies diamétralement opposées. Les derniéres manifestations de la spiritualité se heurtent aux derniéres conclusions de la science expérimentale. Aujoud'hui encore la foule donne une nette préférence au réalisme. Le matérialisme culturel correspond au matérialisme scientifique et moral.

Le côté vulgaire de la négation, l'absence de tout idéal supérieur en culture, la barbarie grossière de certains inventions techniques grandioses -tout cela a influencé les rapports comportementaux de la foule contemporaine à l'égard de l'art.Il y a à peine 150 ans Goethe prédisait que "bientôt les gens avec soif insatiable se mettront à la recherche du vraiment beau et noble banni tout un temps par eux". Mais qu'est ce que donc la réalité? La reproduction réaliste de la réalité donne à beacoup de gens la satisfaction d'unemeilleure connaissance de certains phénomènes mais l'apport le plus utile à ce qu'il y a de meilleur dans l'homme se retrouve dans l'idéal émanant du coeur de l'artiste. Goethe a formulé cette pensée ainsi: "plus l'oeuvre est incommensurable à l'esprit, plus elle est grandiose". Voilà ce que doivent être les oeuvres symboliques.

C'est le naturalisme des fresques égyptiennes, le symbolisme des créations de l'art grec, ce sont les bas-reliefs du Parthénon dontémanent une grandeur indetructible, un calme indéfectible, la plénitude de la vie et cela malgré le triste état du marbre. L'Alceste d'Euripide-mourantpour sauver son mari-n'est-elle pas le symbole de la pitié maternelle qui inspire l'amour de l'homme et de la femme? L'Antigone de Sophocle n'est-elle pas le symbole de la beauté virginale et religieuse des traits féminins dont nous retrouvons le reflet dans les madones du moyen-âge? Le moyen-âge donne à l'humanité un grand symboliste, le pére de nombreux mouvements contemporains de l'art, un géant qui, aujourd'hui encore, lance ses foudres dans le marécage puant des petits-bourgeois materialistes- Hieronimus Bosch.

Nous nous devons de distinguer son nom de la liste pourtant fort restreinte des personnalités de l'art symbolique. Les symboles de Bosch ne sont toujours pas compréhensibles. Ceux qui essaient de comprendre le message de son oeuvre sont envahis par une peur insurmontable. Le fait est que les symboles de Bosch, comme les symboles de tous les vrais peintres, coulent de source et à l'insu du peintre des profondeurs de la réalité. Par contre, si l'auteur les crée artificiellement ils deviennent des allégories de sens comme tout ce qui est mortne provoquent que de l'aversion.

Qu'est-ce donc le Symbolisme? Le Symbolisme est le mariage dans la représentation artistique du monde des faits et du monde divin. Dans cett définition,les deux piliers indispensables à la création symbolique se trouvent être bien mis en évidence. Comme tout art, le Symbolisme est tourné vers les événementssimples et concrets de la vie, vers le monde des faits évidents aux yeux de tous, vers les phénomènes de la nature et de l'ame humaine. Plus la perceptionest fidèle et tempérée, moins il y d'élan romantique dans la description des faits concrets, plus la vision est concrète et froide, mieux cela vaut pour l'art.

La compréhension, la plus globale possible, du monde des faits doit être à la base de toute création philosophique et poétique. Rien ne doit rester sur scène sauf le fait avec en toile de fond l'abime tragique l'on doit percevoir lorsque le peintre nous propose non pas une image grossière de faits sans vie mais un monde de lutte et de souffrance présenté sous des formes nettes et précises. A la surface il ne doit y avoir que des faits, uniquement des faits: des corps, de costumes, une démarche humaine et vivante, une certaine expression des yeux et des visages perçus et compris par tous, mais qui stimulent un besoin constant de réflexions et de sensations. Voilà la véritable sphère de l'art qui suit le chemin de l'idéalisme. C'est alors que l'art devient vraiment le mariage artistique du monde des faits et du monde divin car un tel travail créatif n'est possible que si l'artiste perçoit vraiment Dieu, le cotoie, unit spontanément ses impressions aux pulsions religieuses internes. Si nous remontons une centaine d'années, cernons cette période et appelons la par exemple, "période du trou noir de l'art" et si nous percevons l'art comme un être vivant, il nous devient possible de le comparer à "La Belle au bois dormant".

Heureusement, avec comme point de départ - l'assoupissement, cette période ne dure même pas cent ans mais un peu moins et le réveil se manifeste déjà. Mais comme le mythe diffère peu de la réalité, notre vierge splendide en se réveillant voit les ruines fumantes du palais du monde de l'Harmonie de l'époque de l'age d'or du premier Symbolisme. Et au lieu de se livrer aux joies et aux plaisirs de la vie à la sortie de ce sommeil empoisonné, il lui faudra créer une nouvelle Harmonie, maiselle ne sera nouvelle que parce que le temps s'est écoulé dans le monde extérieur même si pour l'Art cela n'a duré que l'espace d'un instant. La piqûre de la quenouille est le pic de l'énergie démoniaque qui, pour un court laps de temps, a pu endormir la noble substance des maqnifiques desseins de l'humanité.

Voilà les lois d'un monde objectif, les lois de l'univers.La culture et la science au lieu de conduire l'homme aux limites du matérialisme, l'ont assoiffé de religion. Ce besoin de religion qui n'est plus combattu par la science issue de la philosophie critique a géneré un nouveau courant de l'art qui s'appelle le Symbolisme.

Après avoir renoué ses liens avec la concience religieuse, la création artistique commence à devenir, comme ce fut le cas en Hellade, ce qu'il y a de meilleur pour l'homme. Quelle est la différence entre le réalisme et le Symbolisme? Le réalisme est un concept très large qui englobe la créativité de nombreux peintres contemporains, y compris les engagés (politiques),les conceptuels-avant-gardistes et les peintres de la période "trou noir" qui envahit leurs ateliers et même les marchés internationaux, les salles d'expositions et les galeries d'art de tableaux gris, ternes et sans vie ainsi que les présentoirs des librairies d'une production poétique stérile ethypocrite. Ces gens-là sont malheureux. La peur a engendré leurs oeuvres. Mais là n'est pas notre propos. Les réalistes ne sont que de simples témoins. Les Symbolistes, eux, sont toujours des penseurs. Les réalistes sont prisonniers du ressac de la vie concrète au-delà de laquelle ils ne voient rien.

Les Symbolistes détachés de la réalité ambiente n'y voient que leurs rêves, ils observent la vie par la fenêtre. Cela parce que tout symboliste, même le plus insignifiant, est plus mûr que n'importe quel réaliste, mûme le plus illustre. L'un est encore l'esclave de sa mère, l'autre a rejoint les sphères de l'idéal.

Voici le nom des symbolistes les plus éminents de la littérature, de la musique et de la peinture: en Angleterre - Algernon Swinburne, Oscar Wilde, William Blake,Shelley Percy, Dante Rossetti, Alfred Tennyson; en Amérique - Edgar Poe, Walter Whitman; en Scandinavie - Henrik Ibsen, Knut Hamsun et August Strindberg;en Allemagne - Friedrich Nietzshe, Gerhardt Hauptmann, Max Klinnnger, Richard Wagner, Arnold Schoenberg; en Italie - d'Annuzio; en Russie - Tiouttchev, Fet ,Volinski, Ellis, Ivanov, Brioussov, Block, Belij, Vroubel, Tchiourlionis, Rerikh, Filonov, les peintres de la "Rose Bleue"(1907) qui ont mené une lutte théorique contre le réalisme. Nous retrouvons même les oeuvres de maîtres tels que Malevitch et Ttaline, Kouznetsov, Sapounov.; en Belgique - Maurice Maeterlinck, Emile Verhaeren.; en France - Charles Baudelaire, August Villiers de l'Isle-Adam, Georges Charles Huysmans, Arthur Rimbaud, Pierre Cécil Puvisde Chavannes, Gustave Moreau, Odilon Redon, Achille Claude Debussy.

Le premier symboliste du point de vue chronologique et de la grandeur de la personnalité créative a été Hieronimus Bosch, c'est le moyen-âge. De ce point de la vue là, le premier au XIXe siècle a été Edgar Poe. A la différence des réalistes, l'artiste-symboliste s'écarte des sentiers battus; il choisit le même sujet mais il le compresse, l'enserre de chaînes brillantes, lui imprime une telle force de concentration, un tel laconisme dramatique rigoureux mais tendre qu'il atteint le summum de la conception ambitieuse de l'artiste.

Tandis que les réalistes conçoivent le monde naïvement, comme de simples observateurs obéissant à ses lois factorielles, les Symbolistes en retravaillantl'élément factoriel grâce à leur impressionnabilité complexe maîtrisent le monde et pénètrent ses mystères. La conscience réaliste ne dépasse jamais les limites de la vie terrestre définies avec précision et ennui languissant par des bornes kilométriques. Les Symbolistes ne perdent jamais le mystérieux fil d'Ariane qui relient au labyrinthe universel du chaos, ils sont toujours caressés par le souffle du monde de l'au-delà et les paroles qu'ils prononcent semblent, à leur insu, porter en elles l'écho d'autres paroles, le bruit des éléments, les bribes des choeurs s'élevant du sanctuaire de l'Univers, les réalistes nous apportent souvent des trésors précieux, mais ceux-ci sont de telle nature qu'une fois reçus, ils nous contentent et quelque chose est clos. Les symbolistes nous apportent dans leurs créations un anneau magique qui nous réjouit comme un joyau et en même temps nous interpelle. Nous ressentons encore la proximité de quelque chose de nouveau et en fixant le talisman nous nous élançons de plus en plus loin.

On prétend que les symbolistes sont incompréhensibles. Dans chaque mouvement, il y a degrés, il est possible de pousser chaque trait jusqu'à l'absurde, chaque bouillonnement engendre des dépôts. Il est imposible de déterminer la profondeur d'une rivière en observant son écume. Si nous jugeons le symbolisme d'après les parodies crées par des incapables, nous risquons de nous dire que cette approche créative est une perversion du bon sens. La seule méthode qui peut prétendre résoudre ces questions est l'intuition,la découverte inspirée. Cette méthode est celle dont se sont servi de tout temps les philosophes, les penseurs tentant de pénétrer les mystères de la vie.

En effet ,la notion d'art correspond à ce que dans d'autres domaines on appelle la révélation. Les créations artistiques étant des portes entrouvertes sur l'Eternité. Nous vivons dans le mensonge éternel et traditionnel. La pensée et, par conséquent, la science sont impuissantes à démasquer ce mensonge. Elles sont parvenues tout au plus à le dénoncer, à comprendre sa fatalité. Celui qui comprend tout, pour qui tout est simple et évident ne peut devenir artiste.

L'art n'appparaît que là où il y a audace, désir de dépasser les limites du connaissable, soif de goûter fût-ce une goutte de cet océan. Que les peintres contemporains forgent donc en toute conscience leurs oeuvres sous forme de clés du mystère, de clés mystiques ouvrant à l'humanité les portes de sa"prison bleue" et lui donnant accés à la liberté éternelle.

Qu'est-ce que donc le symbole? Le symbole est un signe ou un élément. Comme un rayon de lumière, en prenant vie, il traverse tous les sphéres de la conscience. Sur chaque plan il est susceptible d'avoir une autre nature et dans chaque sphère il a une interprétation différente. En vérité, comme tout ce qui émane du giron divin, le symbole, d'après ce qu'a dit Siméon de l'enfant Jésus, est un "signe contradictoire" C'est au point d'intersection du symbole,puisqu'il est un rayon descendent, et du domaine du conscient qu'il devient signe dont le sens est pleinement et pittoresquement rendu par le mythe correspondant.La symbolique est un système de symboles; le symbolisme est un art basé sur les symboles.Le subconscient de l'être humain n'est pas accaparé par les événements mais par les symboles de quelque chose d'autre. La musique exprimeadmirablement le symbole. Voilà pourquoi, le symbole est toujours musical. Le passage du criticisme au symbolisme fait appel immanquablement à l'esprit musical. La théorie esthétique formelle approchent les oeuvres artistiques formellement puisque le symbolisme leur est inconnu. Pour pouvoir parler du symbolisme, il faut étudier l'oeuvre en tenant comte des rapports qui s'établissent entre les sujets percevant et le créateur comme s'il s'agissait depersonnalités intégrales (entières).

De ceci découle:

1. Le symbolisme dépasse les catégories esthétiques.

2. Chaque oeuvre artistique doit être jugée du point de vue du symbolisme.

3. Le symbolisme est lié à la personnalité intégrale de l'artiste et de celui que la révélation artistique émeut.

Il n'y a que les myopes des questions de l'esprit qui cherchent à y voir clair dans les symboles. Leur âme ne résonne pas. Ils ne reconnaissent rien. Vers ce qui a été, vers ce qui sera, est tourné le symbole. De la musique jaillit du symbole. Celle-ci dépasse le conscient; Celui qui n'a pas le sens de la musique ne comprendra rien. Le symbole révelle la musique de l'âme. Quand le monde pénétrera notre âme, la musique retentira. Quand l'âme deviendra monde, elle sera hors du monde. Si la téléinfluence, ou magie, est possible, nous savons ce qui mène à elle. L'amplification à outrance de la résonnance mucicale de l'âme - voilà ce qu'est la magie une âme mucicalement chargée enchante. La musique est un enchantement. Elle est une fenêtre par laquelle pénètre en nous les flots enchanteurs de l'Eternité et jaillit la magie. L'âme de la musique est un indice du transbordement de la conscience. L'exclamation de Nietzche ne s'adresse pas uniquement au drame mais à toute la culture: "Ceignez votre front de lierre, prenez en mains les thyrses et ne vous étonnez pas si câlins les tigres et les panthéres se couchent à vos pieds... vous devez suivre la procession dionysiaque de l'Indus".

Donc, le véritable art symbolique touche au domaine de la religion car la religion est avant tout la sesation du lien de toute essence et du sens de toute vie.Voilà pourquoi on peut dire que le symbolisme et religieux sont d'une certaine façon en corrélation. L'art était religieux quand et pour autant qu'il servait les desseins de la religion. Les artisans de cet art étaient, par exemple, les créateurs des divinités païennes, les peintres d'icônes du moyen âge, les bâtisseursanonymes des églises et temples gothiques. Ces artistes étaient vraiment possédés par la foi religieuse. Mais quand Vladimir Soloviev parle des artistes du futur et dit:"ils ne seront plus uniquement poussés par la foi mais ils la maîtriseront et pourront en toute conscience utiliser ses incarnations terrestres",il assigne à ces théurges une tâche autrement plus importante que celle qu'essayait de résoudre les artistes anciens et concoit l'activité artistique religieuse à un niveau encore plus transcendant. La jonction des sommets du symbolisme, en tant qu'art, et du mystique a été définie par Vladimir Soloviev grâce à un terme bien particulier. Ce terme est lathéurgie. "Je pénétrerai en eux et je serai en eux, et je serai leur Dieu" - disait Dieu. La théurgie, voilà ce qui fait les prophètes, ce qui leur met à la bouche des mots fendant les rochers.

La sagesse de Nietzsche à un stade plus profond de la compréhension, comparable au tragique, peut être définie une aspiration vers la théurgie. Et à travers certains passages de cette sagesse l'on sent la présence de la théurgie. Si les premiers symbolistes ont tenté de montrer la présence de l'éternel dans temporel, la théurgie, elle, est le début et la fin du symbolisme et marque le début du NOUVEAU SYMBOLISME. Il s'agit ici del'incarnation de l'Eternité par la transformation de la personnalité ressuscitée. La personnalité est le temple de Dieu habité par notre Seigneur."Je pénétrerai en eux et je serai en eux"(Lévitique,XXVI,12) le terme "théurgie" rappelle par sa consonance le terme "chirurgie". Et ceci n'est pas le fait du hasard. En effet, la théurgie dissèque le subconscient de l'être humain, éclaire ce coin sombre à la lumière salutaire de l'art sans tenir compte des désirs du sujet. Et ainsi, il tente de ressusciter les âmes mortes et d'insuffler une nouvelle impulsion aux âmes dépérissantes dans les ténèbres du matérialisme.

Toutes les multiples facettes de la vie sont utilisées par les théurges comme laboratoire. Ils mènent des recherches psychanalytiques et, ensuite, sublimant l'information récoltée, ils lancent une flèche énérgétique. Actuellement, nous pouvons comparer l'intensité de cette flèche à celle d'une cascade de coups de foudre. Ainsi, sous l'action d'un système précis de catharsis du sujet, sa vie spirituelle se réanime.

L'art est la connaissance géniale... La connaissance géniale élargit ses formes. Le symbolisme, en tant que méthode, joignant l'éternel à ses manifestations temporelles et spatiales, rejoint les idées de Platon. Tout art est essentiellement symbolique. Tout approche symbolique est idéologique. La tâche de l'art, forme spéciale de la connaissance, est immuable en tout temps. Ce qui change, ce sont les modes d'expression. L'évolution de la connaissancephilosophique par absurde la rend tributaire de la connaissance par la révélation,de la connaissance du symbolique.

Avec la mutation de la théorie de la connaissance, notre attitude envers l'art évolue. Ce n'est plus une forme qui se suffit à soi-même; et il ne peut plus être utilisé comme support à l'utilitarisme. Il devient un moyen d'accéder à la connaissance fondamentale, à la connaissance religieuse. La religion est un systéme de symboles à déploiement logiquement successif. Voilà sa définition superficielle primaire.

Le Nouveau Symbolisme synthétisant et terminant en soi toutes les méthodes, les expériences et les formes artistique précédentes est selon Théophile Gautier, émanation des sons s'échappant de tous les claviers et des couleurs de toutes les palettes. Rien d'étonnant à ce que le culte de la musique ait trouvé une expression extraordinaire dans le Nouveau Symbolisme, ce summum idéal et absolu de tous les autres arts, cet art qui a atteint les frontières limites de la fusion de la forme et du contenu. A travers ses meilleurs représentants, le Nouveau Symbolisme atranché irrévocablement, unr fois pour toute, la question de la contemplation de l'art à travers le prisme de la vie ou de la vie à travers le prisme de l'art, en choisissant résolument la seconde voie.

Si la nature de l'activité artistique est basée sur la contemplation et le don de la contemplation n'est donné qu'à une minorité d'âmes exeptionneles, de quel rôle public et à plus forte raison de quelle activité collective peut-il s'agir dans ce cas? Il semble à propos de citer ici les mots durs de Shopenhauer, être sachant et osant défendre héroïquement le sacré de la foule: "L'homme de la rue est un produit manufacturé par la nature à raison de mille jours et n'est pas prévu, dans le sens premier du terme, pour de lonques observations désintéressées qui sont à la base de la contemplation... Voilà pourquoi il réussit à tout maitriser: les oeuvre de l'art "les merveilleuses oeuvres de la nature et la contemplation de la vie, pleine de gravité à tous les niveaux et dans toutes les scènes". Tout regard social porté sur un objet de contemplation est toujours contraire à la vérité, vulgaire et même blasphématoire. L'art est en fait lot de quelques-uns et pour quelques-uns. Voilà d'où découle l'admirable mérite de la répudiation de chaque grand artiste et son inutilité absolue du point de vue utilitaire.

L'individualisme aristocratique est le premier et le dernier commandement du symbolisme, son slogan le plus vivant, la dernière de toutes les trovailles proposéés par lui. C'est ce même principe de l'individualisme aristocratique qui a sauvé l'ancien et sauvera le Nouveau Symbolisme de l'interversion primaire du sujet et de l'objet de la créativité artistique et d'un second retour aux vieilles formes du réalisme pour lequel la vérite se traduit par la notion de "vérité vécue" ou, autrement dit, est perçue comme réalité empirique avec son culte sempiternel de l'homme moyen terne et trivial au quotidien.

Le caractère aristocratique du Symbolisme lui est propre, au même titre, comme phénomène purement esthétique(sujet, style, méthode, thechnique) et comme procédé émotionneldans son entièreté complexe et idéologique(révolution de la conscience collective de notre époque, réestimatimation de la culture) et comme édification théorique (l'idéologie du Symbolisme est une réestimation de la métaphysique et de la science).

Le symbolisme contemporain est parvenu à insuffler à la grande vague de la quête purement mystique engendrée par la première lutte eshétique pour le "renouveau" cette faculté de contemplation de l'âme qui a abouti dans le domaine religieux à une refonte complète et sans précédent du dogmatisme et à une critique féroce et sans merci de toutes les formes et valeurs historiques dépassées (lutte contre le christianisme historique ,l'idée de religion du futur et l'attente du troisième testament, la fécondation artistique des sciences secrètes de l'occultisme). Le Nouveau Symbolisme n'a pas seulement pris racine dans la littérature mondiale mais après avoir redonné vie aux racines dépérissantes du premier symbolisme,il a donné de jeunes pousses fructifères; Ce sont certains mouvements de l'art contemporain prospectés par de jeunes artistes, représantants du Nouveau Symbolisme.

Le processus créateur de ce mouvement, d'Oleg Kolesov, est le contact constant avec l'espace, l'immersion dans la psychédélique et la nature des sujets, l'étude et l'analyse des manifestations sociales au point de vue des lois du cosmos, la sublimation de l'information obtenue, l'automéditation se matérialisent ensuite et deviennent des oeuvres d'art. Et cela peut devenir tout aussi bien une oeuvre poétique, musicale, picturale et même un objet-joyau. Ils ont tous un caractère théurgique car ce sont les instruments d'un auteur-théurgie ou, plus exactement ce sont les faisceaux universels d'énergie qui servent à rompre le pont pathologique situé dans le subconscient du spectateur. De plus les résultats de l'influence de ces objets dans le complexe des actes théurgiques auront un effet, cela va de soi, sur le moral et le physique de l'être humain.

Les principaux principes directeurs du flux de conscience de Nouveau Symbolisme sont: la délivrance de la PEUR par la découverte de la pure BEAUTE,

GRANDEUR, INFINI.

Oleg Kolesov, 1988.

 

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